Le CESER Val de Loire, saisi par notre pétition citoyenne de plus de 5 000 signatures et après étude, est convenu d’y répondre sous la forme d’une contribution pour tenir compte des enjeux régionaux de l’autoroute A154. Cette étude viendra compléter leur contribution de 2009, sans oublier le nécessaire développement du ferroviaire.
La FEEL a adressé un courriel aux membres du comité de pilotage pour leur rappeler l’impact qu’auront leurs décisions d’aujourd’hui sur les générations futures.
Mesdames, Messieurs les élus,
Vous êtes invités à participer au comité de pilotage A154-A120, en préfecture, vendredi 1er juillet.
Le 9 mai dernier le CESER Centre-Val de Loire, suite à une saisine citoyenne ayant recueilli plus de 5000 signatures, a adopté à une large majorité une contribution sur ce projet (69 pour, 8 contre, 7 abstentions).
Voici le lien qui vous permettra de prendre connaissance de cette contribution : https://ceser.centre-valdeloire.fr/wp-content/uploads/2022/05/Contribution-CESER-mai-2022-Projet-A154.pdf
Nous avons en particulier noté dans :
- les conclusions du CESER :
« Le CESER s’interroge sur les processus de décision d’un tel projet. Malgré 12 années entre le choix de passer par une concession et l’appel à concession, les études ne sont pas à jour sur les besoins auxquels répondra l’A154 en 2030. Le CESER remarque qu’au vu du coût des études, du processus administratif déjà réalisé, il a été décidé de réaliser le projet, sans en peser toutes les conséquences. Le CESER invite l’Etat à faire évoluer son processus. La lenteur de tels projets induit un décalage entre les réponses qu’ils apportent et les enjeux au moment où ils sont mis en service »
- l’intervention de la CFDT :
« Cette contribution montre bien que les questions qui existaient au lancement de ce projet ont été loin d’être levées, au contraire celles-ci sont aujourd’hui renforcées par de nouvelles interrogations qui font douter du sérieux de ce projet …
…se poser la question de l’utilité de ce projet alors que les usages et comportements sont amenés à évoluer dans un contexte lié au réchauffement climatique et à la transition énergétique. Ce projet appartient plus à un ancien monde qu’à celui qui va émerger »
- l’intervention du représentant du groupe agricole siégeant au nom des Jeunes Agriculteurs :
« Le projet en question dispose d’une emprise foncière de 576ha dont 460 ha cultivés. De mon point de vue syndical, cela correspond à 4 jeunes qui ne s’installeront pas en agriculture. C’est donc notre indépendance alimentaire Française qui est en jeu, la réalité de nos assiettes »
- l’intervention du groupe des Associations, Institutions, de l’Economie Sociale et Solidaire et de l’Environnement :
« Aussi, nous pensons qu’un chantier qui répond ici aux attentes de 1994 et qui ne sera opérationnel qu’en 2030 ne peut qu’être un anachronisme. Anachronisme par rapport aux objectifs climatiques, anachronisme par rapport aux nouveaux modes de déplacement et de vie, anachronisme par rapport aux enjeux internationaux qui font évoluer le commerce des céréales. Une solution d’hier qui fait perdurer les problèmes d’aujourd’hui. »
Nous avons eu un avant-goût de la réalité du changement climatique avec l’épisode de canicule de ces derniers jours et en 2018 avec l’inondation de la N154 entre Dreux et Chartres !
Il faut être conscient que l’autoroute ne désenclavera pas nos villages mais au contraire les isolera et obligera les habitants à parcourir plus de km. Plus grave, il reportera une partie du trafic PL vers des routes éloignées à la fois de l’autoroute et des voies de substitution qui leur seront interdites vers des routes et des villages à ce jour épargnés. Plus grave encore les voies de substitution traversent des villages qui se sont battus en leur temps pour en détourner la circulation : ils reverront les passages importants de véhicules devant leurs écoles, augmentant dangereusement l’accidentologie, principal critère de décision de ces contournements.
Comme l’a souligné le CESER il s’agit de peser toutes les conséquences de ce projet en particulier les financières pour les collectivités avec des coûts ignorés ou sous-évalués, en particulier:
- une subvention d’équilibre manifestement sous-estimée (elle oscille entre 36,9 M€ et 362,8 M€ en € 2015 dans la pièce G du dossier d’appel à concession !)
- les réseaux secondaires qui seront les voies de substitution à la charge du Conseil Départemental,
- le coût du péage qui absorbera le prix de l’A120 « gratuite » entre Houdan et Dreux
Ceci alors que le pouvoir d’achat et le prix de l’essence sont au premier plan des préoccupations des Français, les prix des matériaux qui explosent : quel sera le prix de revient de ce projet ? faudra-t-il encore augmenter les taxes et impôts pour financer ce projet dont les coûts vont exploser ?
Comme le préconise le CESER Centre-Val de Loire, il faut prioriser le ferroviaire de Dreux à Orléans et le prolonger jusqu’à Rouen.
Alors que la priorité est au transport multimodal combinant route, rail et fluvial, ce n’est pas en complétant un axe autoroutier de 2000km allant de Anvers à Carthagène que nous développerons l’HAROPA (les ports du Havre, de Rouen et de Paris) comme l’explique fort justement le président du CESER de Normandie.
Vous êtes face à la responsabilité lourde d’un projet hors du temps :
- répondra-t-il à l’objectif Européen à l’horizon 2030 qui impose de repenser nos infrastructures de transport, à une époque où d’autres pays ne construisent plus de nouvelles autoroutes mais encouragent le ferroviaire ?
- resterons-nous encore « mauvais élève » de l’Europe ? notre région Centre-Val de Loir se doit de proposer une nouvelle approche centrée sur la lutte contre le dérèglement climatique ?
- répondra-t-il à cet objectif de décarbonation indispensable et l’évolution sociétale que nous commençons à vivre ?
Dans vos interventions au sein de ce comité de pilotage, nous ne doutons pas que vous penserez à vos actuels concitoyens, mais pensez aux générations futures pour qu’ils puissent vivre sur une planète habitable.
A vous d’agir !
Nous sommes à votre disposition pour vous rencontrer.
Pour le CA de la Fédération Environnement Eure-et-Loir (FEEL)
François BORDES, vice-président
Copie : Martine TROFLEAU, présidente
Je suis totalement en phase avec l’analyse du Ceser. Ce projet est complètement aberrant tant sur le plan économique, écologique que sociétal. En décalage total avec les enjeux environnementaux d’aujourd’hui et dé demain. Les catastrophes naturelles ne font qu’augmenter, la pénurie alimentaire s’aggrave, la biodiversité est plus que menacée… Il est plus que temps d’inverser la vapeur et de passer des belles paroles aux actes ! Je soutiens totalement le Ceser et tous les élus et responsables qui se battent pour que ce projet aberrant et anachronique ne voie jamais le jour ! Raphaël Flipo