QUAND LE SOIT DISANT « INTÉRÊT GÉNÉRAL » autorise le massacre de notre patrimoine et de notre cadre de vie.
Contribution à la 2ème concertation publique de Monsieur Bertrand de MAUPEOU, propriétaire de l’ensemble et de terres agricoles de VAUVENTRIERS à CHAMPHOL.
Réflexions sur simulacre de concertation :
Voici bientôt 40 ans que le contournement de Chartres existe.
La ville de Chartres ainsi entourée sur trois côtés n’a pas jusqu’à ce jour souhaité être enfermée par un quatrième côté.
Elle est actuellement desservie par 2 grandes routes nationales (RN 154 et RN 10) ainsi que d’une autoroute (A 10).
A l’époque, la préoccupation des édiles consistait à permettre l’accès des touristes, artistes et pèlerins à la Cathédrale, glorifiée par Charles Péguy, ainsi qu’aux bâtiments du Moyen-Age.
Aussi pouvait-on découvrir ce splendide paysage par le passage de la Vallée de l’Eure et la plaine du village de Champhol.
Comment peut-on même imaginer que les édiles actuels puissent concevoir la destruction d’un tel panorama ?
Une autoroute est inutile et d’un prix exorbitant (1,3 Milliards d’Euros) alors que l’aménagement du contournement 2×2 voies (200 Millions d’Euros) s’avère tout à fait suffisant.
De plus, le Château de Vauventriers et ses dépendances, classés ISMH, les terres agricoles et forestières elles-mêmes protégées, disparaîtraient.Comment oser envisager de telles aberrations ?
Analyse :
Localement au niveau du seul contournement Est de Chartres, on peut dire les choses suivantes :
– Historiquement : le projet autoroutier avait été évoqué dès la fin des années 1990 et reporté SINE DIE pour des raisons de coût.
- Un tracé de contournement Est, très similaire à la proposition actuelle avait été proposé et des terres acquises par le Département, mais c’était il y a 15 ans. Depuis l’urbanisation de Chartres et de Dreux a changé la donne. Ce tracé n’est donc plus un tracé d’utilité publique, mais bien nuisible à un grand nombre, sans résoudre les problèmes de circulation.
- On peut citer notamment pour le seul contournement de l’agglo chartraine :
- construction de la RD 823 pour désenclaver Champhol
- Quatre lotissements “La Garenne” à Oisème
- 2 Lotissements au Gorget (commune de Saint Prest)
- Collège Soutine (commune de Saint Prest)➢ etc…
- Ces nouveaux logements ont été construits dans l’ignorance de ce qui les menaçaient, c’est pour beaucoup l’investissement d’une vie…
– Ecologiquement, un viaduc de 850 m traversant la vallée de l’Eure est un désastre, sans parler de la traversée du Bois des Gatelles qui sera coupé en deux et de la suppression de haies bocagères pourvoyeuses de bio diversité le long de la RD 823.
– Il y a un vrai sujet de pollution, notamment pour les riverains de Gasville Oisème (à 200 m de l’autoroute), mais aussi pour les enfants scolarisés dans le collège Soutine (à la même distance), qui sont tous deux très proches et sous les vents dominants d’Ouest par rapport au tracé autoroutier envisagé, d’autant plus si la vitesse est à 130 km/h.
– Il y a un vrai souci de tracé entre la nécessité de garder une distance la plus grande possible avec le lotissement des Tourelles de Gasville Oisème et le rayon des 500 m autour du Château de Vauventriers inscrit à l’ISMH. A ce titre il est utile de rappeler que ce n’est pas seulement le château mais aussi la pièce d’eau située à l’Est de celui-ci qui sont inscrits, ce qui accentue le problème.
– La rocade Est de Chartres qui est déjà saturée, avant même l’ouverture des zones commerciales et industrielles au Sud de l’agglo gagnerait à ce que les ronds-points soient remplacés par des échangeurs + ponts, dans l’optique d’un aménagement de l’existant, alors que l’autoroute A 154 ne résoudrait rien sur ce plan-là.
Plus généralement pour l’ensemble du projet, on peut faire les remarques suivantes :
– Pour la fluidité des transports et le développement de l’activité économique, la RN 154 à 2×2 voies permet d’optimiser les dessertes locales.
– Les villages entre Chartres et Dreux qui étaient enfin épargnés par l’aménagement à 2×2 voies vont renouer avec les bouchons à cause des usagers qui ne voudront pas payer l’autoroute.
– La consommation de terres agricoles du projet est considérable (660 ha) par rapport à l’alternative MOB 28 (98 ha).
– Le coût en serait selon la DREAL de 850 Millions d’Euros sans compter le réaménagement nécessaire des voies secondaires sur lequel la DREAL garde un silence pudique, mais qui portera probablement le coût total à plus d’ 1 Milliard d’Euros, contre 250 Millions d’Euros pour l’alternative qui réutilise au maximum le réseau existant.
Si l’on prend en compte la stagnation du traffic routier (en légère baisse), il y a donc un fort risque que cette autoroute ne soit pas rentable et que les collectivités locales soient contraintes à payer la note !
– L’argument du développement économique favorisé par l’autoroute ne tient pas bien au contraire, pour au moins deux raisons :
- en pénalisant les dessertes locales, on favorisera le transit de trafic et donc l’activité des plus grosses agglomérations comme Orléans, au détriment de Chartres,
- si le trafic que l’on vise à faciliter est essentiellement celui du fret pour atteindre Rouen, une autoroute n’apporte aucun gain de temps par rapport à une 2×2 voies, en sachant qu’un camion ne peut rouler à plus de 90 km/h.
J’ajoute à ce texte que vous détruisez un bois de 16 ha sous PSG et qui a fait l’objet d’une nouvelle plantation de 4 500 chênes suite à la tempête du 26 décembre 1999.
Pourquoi s’obstiner à détruire le poumon vert de Chartres et de la vallée de l’Eure alors que l’on dispose dans la périphérie de Chartres, ce qui est rare en France, d’un espace vert diversifié et exceptionnel.